Erreurs de médication : comment les prévenir à la maison et à l’hôpital

Erreurs de médication : comment les prévenir à la maison et à l’hôpital

Chaque année, des milliers de personnes subissent des dommages évitables à cause d’une erreur de médication. Que ce soit à la maison, en prenant un comprimé au mauvais moment, ou à l’hôpital, avec une dose mal administrée, ces erreurs ne sont pas des accidents. Ce sont des défaillances de système. Et elles peuvent être réduites - et souvent éliminées - avec les bonnes pratiques.

Qu’est-ce qu’une erreur de médication ?

Une erreur de médication, c’est n’importe quel événement évitable qui conduit à une utilisation inappropriée d’un médicament. Cela peut être un mauvais dosage, un médicament erroné, une interaction non détectée, ou même un patient qui ne comprend pas quand il doit prendre son traitement. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ces erreurs causent au moins un décès par jour aux États-Unis et plus de 400 000 hospitalisations évitables chaque année dans ce seul pays. À l’échelle mondiale, elles coûtent 42 milliards de dollars par an.

Elles ne touchent pas tout le monde de la même manière. Les personnes âgées de 75 ans et plus, qui prennent cinq médicaments ou plus, sont les plus à risque. Près de 89 % des erreurs à domicile concernent ce groupe. Et la plupart des erreurs viennent de la confusion : un comprimé pris trop tôt, un autre oublié, ou un emballage mal lu.

À l’hôpital : la technologie peut sauver des vies - mais pas toujours

Les hôpitaux utilisent des systèmes high-tech pour éviter les erreurs. Le plus répandu : la barcode medication administration (BCMA). C’est ce système qui oblige les infirmières à scanner le bracelet du patient et le code-barres du médicament avant toute administration. Selon une étude de 2025 publiée dans JMIR, cette méthode a réduit les erreurs de dispensation de 44 %. Pour les erreurs de dose, la baisse est de 43 %. Pour les oublis de dose, elle atteint 67 %.

Les systèmes informatisés de saisie des ordonnances (CPOE) avec alertes cliniques aident aussi. Ils bloquent automatiquement les prescriptions dangereuses, comme deux médicaments qui interagissent mal ou une dose trop élevée. Des études montrent qu’ils réduisent les erreurs de 50 % dans les services hospitaliers.

Mais la technologie n’est pas une solution magique. Un infirmier sur deux dans un sondage de 2024 a dit qu’il ignorait les alertes trop nombreuses. C’est ce qu’on appelle la « fatigue d’alerte ». Et certains scanners échouent : les codes-barres sont parfois endommagés, mal imprimés, ou mal étiquetés. Dans certains cas, les systèmes ont même créé de nouvelles erreurs, parce que les équipes ont trouvé des contournements pour gagner du temps.

Un hôpital de 500 lits a vu ses erreurs mensuelles passer de 88 à 20 après avoir mis en place la BCMA. Mais cela a pris six mois. Pendant les trois premiers mois, les erreurs ont même augmenté de 15 %, parce que les soignants apprenaient à utiliser le système. La clé ? Une formation de 16 à 20 heures par personne, avec des simulations réalistes. Et surtout : avoir un « super-utilisateur » pour chaque 10 à 15 employés, quelqu’un qui connaît le système par cœur et peut aider les autres.

À la maison : la simplicité est la meilleure arme

À la maison, pas de scanner, pas d’ordinateur. La prévention repose sur des gestes simples, mais cruciaux.

  • Utilisez des boîtes à comprimés hebdomadaires. Elles réduisent les erreurs de 28 % selon les données du NIH.
  • Ne gardez pas plus de trois prises par jour. Plus c’est compliqué, plus c’est risqué. Si votre médecin vous prescrit cinq médicaments à des heures différentes, demandez s’il peut les regrouper.
  • Utilisez des emballages à dose unique. Certains pharmacies les proposent pour les patients âgés. Chaque comprimé est dans une petite poche marquée avec la date et l’heure. Cela élimine la confusion entre les flacons.
  • Impliquez un proche. Un membre de la famille qui vérifie la boîte chaque semaine réduit les erreurs de 37 %, selon une étude de l’Annals of Internal Medicine.

Malgré cela, 72 % des patients de plus de 65 ans qui utilisent des boîtes à comprimés disent avoir encore fait au moins une erreur par mois. La raison la plus fréquente ? « Je ne sais plus quelle boîte contient quoi. » Beaucoup ont trois, quatre, cinq boîtes différentes, et les mélangent. La solution ? Une seule boîte par jour, avec des étiquettes claires : « Matin », « Midi », « Soir ».

Une infirmière scanne un bracelet et un médicament dans une chambre d'hôpital, sous une lumière bleue douce.

Les médicaments à haut risque : attention particulière

Certains médicaments sont plus dangereux si mal pris. Ce sont les « médicaments à haut risque ». Ils représentent 62 % des erreurs graves, selon la base de données FDA MAUDE de 2024. Parmi eux :

  • L’insuline (trop de dose = coma)
  • Les anticoagulants (comme la warfarine ou le Xarelto - trop = saignement, pas assez = caillot)
  • Les opioïdes (trop = arrêt respiratoire)

À l’hôpital, ces médicaments sont suivis de près. À la maison, c’est souvent un trou noir. Si vous ou un proche en prenez un, demandez à votre pharmacien de vous expliquer : quelles sont les alertes ? Quels symptômes doivent vous inquiéter ? Faites un plan d’urgence : qui appeler si vous vous sentez mal après avoir pris votre dose ?

La réconciliation médicamenteuse : un moment clé

Quand vous passez d’un lieu de soin à un autre - par exemple, de l’hôpital à votre maison - les médicaments changent. Vous avez peut-être arrêté un traitement, en ajouté un autre. Mais si personne ne vérifie tout ce que vous prenez, les erreurs s’accumulent.

La réconciliation médicamenteuse, c’est le processus où un pharmacien ou un infirmier passe en revue tous vos médicaments : les ordonnances, les achats en pharmacie, les compléments, les remèdes naturels. C’est obligatoire à l’entrée et à la sortie de l’hôpital selon les normes du Joint Commission. Mais dans la pratique, 60 % des établissements le font mal à la sortie. Les patients repartent avec une liste incomplète, ou erronée.

La solution ? Demandez toujours une liste écrite, signée, avec les noms, doses, fréquences et raisons. Et comparez-la avec ce que vous prenez à la maison. Si quelque chose ne correspond pas, demandez une explication.

Des médicaments à haut risque flottent comme des étoiles, entourés de symboles d'avertissement et d'une liste lumineuse.

Les menaces cachées : les faux médicaments en ligne

95 % des pharmacies en ligne qui vendent des médicaments sur ordonnance sont illégales. Beaucoup se font passer pour des pharmacies canadiennes, avec des drapeaux ou des noms comme « CanadaPharm » ou « MedsFromCanada.com ». Elles vendent des comprimés contenant du sucre, de la farine, ou des substances toxiques.

Le risque est réel. L’OMS et l’ISMP ont alerté en 2024 sur cette tendance croissante. Si vous achetez vos médicaments en ligne, vérifiez toujours le site. Est-il certifié par le National Association of Boards of Pharmacy (NABP) ? A-t-il un pharmacien disponible pour répondre à vos questions ? Si non, ne commandez pas.

Que faire maintenant ?

La prévention des erreurs de médication ne dépend pas seulement des hôpitaux ou des technologies. Elle dépend de vous. Voici ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui :

  1. Écrivez une liste complète de tous vos médicaments (y compris les vitamines et les herbes).
  2. Apportez-la à chaque rendez-vous médical.
  3. Utilisez une seule boîte à comprimés par jour, avec des étiquettes claires.
  4. Demandez à un proche de vérifier vos prises une fois par semaine.
  5. Ne prenez jamais un médicament si vous ne comprenez pas pourquoi vous le prenez.
  6. Si vous achetez des médicaments en ligne, vérifiez la légitimité du site.

Les systèmes de santé évoluent. Les technologies s’améliorent. Mais tant que les patients ne sont pas acteurs de leur propre sécurité, les erreurs continueront. Votre vie ne dépend pas seulement de ce que votre médecin prescrit. Elle dépend aussi de ce que vous comprenez, de ce que vous vérifiez, et de ce que vous osez demander.

Quels sont les signes qu’une erreur de médication s’est produite ?

Les signes peuvent être subtils : une fatigue inhabituelle, une confusion soudaine, des nausées inexpliquées, des vertiges, ou une perte d’appétit. Si vous remarquez un changement après avoir pris un nouveau médicament ou modifié une dose, contactez votre médecin ou votre pharmacien immédiatement. Ne patientez pas. Même une petite erreur peut avoir de grandes conséquences.

Les boîtes à comprimés sont-elles vraiment efficaces ?

Oui, mais seulement si elles sont bien utilisées. Une boîte à comprimés réduit les erreurs de 28 % quand elle est utilisée comme outil d’aide à la mémoire, et non comme un simple contenant. Le problème vient quand les gens utilisent plusieurs boîtes, ou qu’ils ne les remplissent pas correctement. Pour être efficace, elle doit être simple : une seule boîte par jour, avec des étiquettes claires et une vérification hebdomadaire par un proche.

Pourquoi les alertes des ordinateurs à l’hôpital sont-elles si nombreuses ?

Les systèmes sont configurés pour être très prudents. Ils alertent sur chaque interaction possible, même les rares. Mais cela crée une surcharge. Un clinicien reçoit parfois plus de 100 alertes par jour. La plupart sont inutiles. C’est pourquoi 42 % des soignants les ignorent. La solution ? Affiner les alertes pour ne garder que les plus critiques - celles qui concernent les médicaments à haut risque ou les interactions dangereuses.

Puis-je demander à mon pharmacien de vérifier mes médicaments ?

Absolument. C’est même fortement recommandé. Les pharmaciens sont les experts des médicaments. Ils peuvent détecter des doublons, des interactions, des doses trop élevées, ou des médicaments inutiles. Demandez un « bilan médicamenteux » gratuit. Beaucoup de pharmacies le proposent, surtout pour les patients âgés ou sous plusieurs traitements.

Les médicaments en ligne sont-ils toujours dangereux ?

Pas tous, mais beaucoup le sont. Seules les pharmacies en ligne certifiées par le NABP (ou équivalent dans votre pays) sont fiables. Les sites avec des noms comme « CanadaPharm », « UKMeds », ou « GlobalMeds » sont souvent des arnaques. Les médicaments vendus peuvent être contrefaits, périmés, ou toxiques. Si le prix est trop bas, si vous ne pouvez pas parler à un pharmacien, ou si le site ne demande pas d’ordonnance, fuyez.

Qu’est-ce que la réconciliation médicamenteuse et pourquoi est-elle importante ?

C’est le processus où un professionnel de santé vérifie et compare tous les médicaments que vous prenez avant, pendant et après un changement de lieu de soins - par exemple, quand vous quittez l’hôpital. Il s’agit de s’assurer que vous ne perdez pas un traitement nécessaire, que vous ne prenez pas un médicament en double, et que les doses sont correctes. C’est une étape cruciale pour éviter les erreurs à la sortie de l’hôpital, où les risques sont les plus élevés.

Prochaines étapes : ce que vous pouvez faire dès demain

Si vous prenez plusieurs médicaments :

  • Prenez 10 minutes aujourd’hui pour écrire une liste complète : noms, doses, fréquences, et pourquoi vous les prenez.
  • Apportez-la à votre prochain rendez-vous avec votre médecin ou votre pharmacien.
  • Demandez si vous pouvez passer à une boîte à comprimés à dose unique.
  • Choisissez un proche pour vérifier vos prises chaque semaine.
  • Supprimez tout médicament non prescrit par un médecin - vitamines, herbes, compléments - de votre liste, sauf s’il a été discuté avec un professionnel.

La sécurité médicamenteuse ne commence pas à l’hôpital. Elle commence à votre table de nuit, avec une simple liste et une question : « Est-ce que je sais vraiment pourquoi je prends ça ? »

Commentaires (6)

  • Winnie Marie

    Winnie Marie

    Encore un article qui nous prend pour des idiots. Les hôpitaux ont des systèmes high-tech mais les infirmiers ignorent les alertes ? C’est pas la faute de la tech, c’est la faute des équipes qui n’ont pas été formées. Et puis les boîtes à comprimés ? Comme si c’était ça la solution à la crise du système de santé. On dirait un article de magazine féminin pour retraitées.

    novembre 14, 2025 AT 04:44
  • Stéphane Leclerc

    Stéphane Leclerc

    Winnie, tu exagères un peu non ? L’article n’est pas un pamphlet, c’est un guide pratique. Les boîtes à comprimés, c’est pas pour les retraitées, c’est pour les gens qui prennent 7 médicaments et qui oublient s’ils ont déjà pris leur warfarine. Et les alertes surchargées ? C’est un vrai problème, et l’article le dit : il faut les affiner, pas les supprimer. La technologie, c’est un outil, pas un remède magique.

    novembre 14, 2025 AT 07:21
  • thibault Dutrannoy

    thibault Dutrannoy

    Je trouve ça super d’avoir un article aussi clair. J’ai ma mère de 82 ans qui prend 6 traitements et elle utilise une boîte avec des étiquettes ‘Matin/Midi/Soir’. Ça a changé sa vie. Avant, elle confondait tout. Maintenant, elle me dit : 'Je suis en sécurité'. Et je suis content que l’article parle de la réconciliation médicamenteuse - c’est souvent négligé à la sortie de l’hôpital. On devrait en faire une obligation légale.

    novembre 14, 2025 AT 20:07
  • Lea Kamelot

    Lea Kamelot

    Je voudrais juste dire, avec tout mon amour et ma bienveillance, que ce que vous venez de lire, c’est pas juste un article, c’est une invitation à la vie, à la sécurité, à la dignité… Parce que chaque comprimé mal pris, c’est un moment volé à quelqu’un, un sourire perdu, une journée de plus passée à l’hôpital, une famille qui pleure… Et oui, les boîtes à comprimés, c’est fondamental, mais il faut aussi que les proches soient formés, accompagnés, soutenus… Et que les pharmacies proposent des consultations gratuites, sans pression, sans jugement… Parce que la santé, ce n’est pas un luxe, c’est un droit… Et si on ne fait rien, qui le fera à notre place ?

    novembre 16, 2025 AT 14:26
  • Hélène Duchêne

    Hélène Duchêne

    Merci pour cet article ! 🙏 J’ai mis une boîte à comprimés pour mon père et ça a vraiment changé la donne. J’adore qu’on parle des médicaments en ligne aussi… J’ai vu un site qui vendait du Xarelto à 10€ le paquet… j’ai failli commander… 😱

    novembre 17, 2025 AT 14:49
  • Dominique Dollarhide

    Dominique Dollarhide

    La technologie ne sauve pas les vies les gens le font les systèmes sont des illusions les vrais problèmes sont la désorganisation le manque de respect pour le patient et le fait quon traite les gens comme des chiffres pas comme des êtres humains

    novembre 19, 2025 AT 07:20

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