Diverticulite : poches inflamées et approches thérapeutiques

Diverticulite : poches inflamées et approches thérapeutiques

La diverticulite, c’est quand de petites poches dans votre côlon s’inflamment ou s’infectent. Ces poches, appelées diverticules, sont comme des bulles qui sortent de la paroi du côlon. Elles existent déjà chez beaucoup de gens sans causer de problème - on parle alors de diverticulose. Mais quand elles deviennent enflées, c’est la diverticulite. Et là, la douleur peut être brutale, intense, et vous clouer au lit.

Comment ça commence ?

Les diverticules se forment à cause d’une pression trop forte à l’intérieur du côlon. C’est souvent lié à un régime pauvre en fibres. Quand vous mangez peu de légumes, de fruits, de céréales complètes, votre intestin doit travailler plus fort pour déplacer les selles. Cette pression constante finit par faire sortir la muqueuse entre les fibres musculaires du côlon. C’est comme un ballon qui se gonfle trop fort et fait une petite bosse.

95 % de ces poches apparaissent dans le sigmoïde, la dernière partie du côlon, juste avant l’anus. C’est pourquoi la plupart des gens ressentent une douleur aiguë en bas à gauche du ventre. Mais attention : chez les personnes d’origine asiatique, les diverticules apparaissent souvent du côté droit. Ce n’est pas une erreur de diagnostic - c’est juste une différence anatomique.

Comment savoir si c’est bien de la diverticulite ?

On ne peut pas se fier seulement à la douleur. Beaucoup de choses ressemblent à de la diverticulite : une infection urinaire, un kyste ovarien, une colite, ou même le syndrome de l’intestin irritable (SII). La différence ? La diverticulite vient avec de la fièvre. Environ 70 à 80 % des patients ont une température supérieure à 38 °C. Le sang montre aussi une hausse des globules blancs. Et la douleur ne bouge pas : elle est localisée, constante, et elle empire quand vous bougez.

Le scanner (CT scan) est le meilleur outil pour confirmer. Il montre les poches enflammées, parfois un petit abcès, ou même une perforation. Sans scanner, 25 % des cas sont mal diagnostiqués. Et un mauvais diagnostic, c’est des antibiotiques inutiles, des visites chez plusieurs médecins, et des semaines perdues.

Les traitements ont changé - et c’est une bonne nouvelle

Il y a dix ans, on prescrivait des antibiotiques à tout le monde. Aujourd’hui, ce n’est plus la règle. Une étude majeure publiée en 2021 (l’essai DIVERT) a montré que pour les cas légers, les antibiotiques ne raccourcissent pas la durée de la maladie. Les patients qui ont juste reposé leur intestin et bu beaucoup d’eau se sont rétablis aussi vite que ceux qui ont pris des antibiotiques.

Alors, quand en donner ?

  • Si vous avez une fièvre > 38,5 °C
  • Si vos globules blancs sont très élevés
  • Si vous êtes âgé, diabétique, ou immunodéprimé

Pour les cas légers, le traitement est simple :

  1. Jeûne liquide pendant 2 à 3 jours : eau, bouillon, jus sans pulpe.
  2. Puis on introduit progressivement des aliments sans fibres : riz blanc, pâtes, bananes mûres, œufs.
  3. On prend de l’acétaminophène pour la douleur - pas d’ibuprofène, il augmente le risque de perforation.
  4. On évite les antibiotiques sauf si les signes d’infection sont clairs.

Pour les cas plus graves - avec un abcès ou une inflammation étendue - vous êtes hospitalisé. On vous donne des antibiotiques par perfusion, comme la pipéracilline-tazobactame. Après 48 à 72 heures, si ça va mieux, on passe aux comprimés.

Patient dans une chambre d'hôpital au lever du jour, un scanner flottant montre une inflammation intestinale.

Et si c’est grave ?

Les cas les plus sévères (stade III et IV selon le système Hinchey) sont une urgence. C’est quand la poche éclate, et que les bactéries se répandent dans la cavité abdominale. Là, on parle de péritonite. C’est dangereux. Il faut une intervention chirurgicale immédiate.

Deux options :

  • Une lavage abdominal par laparoscopie : on nettoie la zone, on ne retire rien. Réussite : 82 %.
  • Une résection : on retire la partie du côlon endommagée. Réussite : 67 %.

La première option est de plus en plus choisie, surtout pour les patients en bonne santé. Moins d’incision, moins de risques, et une récupération plus rapide.

Après l’attaque : ce qu’il faut faire

Une fois que la crise est passée, vous devez faire un coloscopie. Pas pour vérifier si la diverticulite a disparu - elle ne disparaît pas. Mais pour éliminer un cancer. Parce que les deux peuvent se ressembler sur un scanner. Une étude publiée en 2021 dans le JAMA a montré que 1,3 % des patients de plus de 50 ans avaient un cancer du côlon découvert lors de la coloscopie post-diverticulite. C’est peu, mais trop pour le négliger.

Et puis, il faut penser à la prévention. Parce que 15 à 30 % des gens font une deuxième crise. Et après la troisième, la plupart des spécialistes recommandent maintenant d’envisager une chirurgie. Pas parce que c’est obligatoire - mais parce que la qualité de vie chute. Beaucoup de patients disent qu’entre deux crises, ils ont peur de manger, ils évitent les voyages, ils travaillent moins. Et c’est dur.

Le régime : ce que vous devez vraiment savoir

On vous a sans doute dit d’éviter les noix, les graines, les maïs, les fraises… C’est un mythe. Une étude sur 47 000 femmes pendant 18 ans a montré : ceux qui mangeaient beaucoup de noix et de graines avaient moins de diverticulite. Aucune liaison. Aucun risque.

En revanche, la fibre, oui. Elle fait toute la différence. Les experts recommandent 30 à 35 grammes de fibres par jour. C’est ce que mangeaient nos grands-parents avant les repas ultra-transformés. Une tasse d’avoine le matin, une pomme avec la peau, des lentilles au déjeuner, des brocolis au dîner - ça fait le job.

Et la fibre ne fait pas que prévenir les crises. Elle réduit aussi la pression dans le côlon. Moins de pression = moins de poches qui se forment. Moins de poches = moins d’inflammation.

Personne préparant un repas riche en fibres, des bactéries bénéfiques brillantes entourent les aliments.

Des nouvelles pistes de traitement

La recherche avance vite. Une nouvelle molécule, le mesalazine (Pentasa®), vient d’être approuvée en 2023 pour prévenir les récidives. Dans un essai, elle a réduit les rechutes de 31 % sur un an. Ce n’est pas une cure, mais ça aide.

Et puis, il y a l’intelligence artificielle. Des algorithmes analysent les scanners, les analyses de sang, l’âge, le poids… et prédit avec 83 % de précision qui va refaire une crise. Ça permet de cibler les patients qui ont vraiment besoin d’un suivi renforcé.

Enfin, les scientifiques étudient le microbiote intestinal. Ils ont trouvé que les personnes qui font des diverticulites ont moins d’une bactérie bénéfique : le Faecalibacterium prausnitzii. Elle calme l’inflammation. Peut-être qu’un jour, on pourra la réintroduire par des probiotiques ciblés.

Qui est à risque ?

La diverticulite ne touche plus seulement les personnes âgées. En 2023, 22 % des hospitalisations concernent des personnes de 18 à 44 ans - contre 14 % en 2000. Pourquoi ?

  • Obésité : un IMC > 30 multiplie le risque par 2,1
  • Tabac : les fumeurs ont 2,7 fois plus de risques
  • Sédentarité : ceux qui bougent moins de 2 heures par semaine ont 38 % plus de crises

Et la mauvaise nouvelle ? La maladie coûte 2,3 milliards de dollars par an aux États-Unis. 200 000 hospitalisations chaque année. Ce n’est pas une simple indigestion. C’est une maladie chronique qui pèse lourd sur les systèmes de santé.

Et maintenant ?

Si vous avez eu une crise, ne paniquez pas. Mais ne la sous-estimez pas non plus. Prenez le temps de réapprendre à manger. Trouvez un bon médecin. Faites le scanner. Parlez de vos peurs. Et surtout : ne vous laissez pas dire que c’est « juste un problème de ventre ». C’est une maladie réelle, avec des traitements modernes, et une prévention efficace.

Vous n’êtes pas seul. Des milliers de gens sur les forums racontent leur combat. Certains disent : « J’ai eu l’impression qu’on me transperçait avec un couteau chaud. » D’autres : « J’ai arrêté de craindre de manger, et je n’ai plus eu de crise depuis 27 mois. »

La clé ? C’est la patience. C’est la fibre. C’est l’écoute de votre corps. Et c’est de ne plus croire aux vieilles croyances. Les graines ne sont pas vos ennemies. La vie active ne vous rend pas vulnérable. La prévention est possible. Et vous pouvez la maîtriser.

La diverticulite peut-elle disparaître toute seule ?

Oui, dans les cas légers, la diverticulite peut se résoudre sans antibiotiques ni traitement spécifique. Le repos intestinal, une bonne hydratation et une alimentation douce suffisent souvent à faire disparaître l’inflammation en quelques jours. Mais cela ne signifie pas que les diverticules ont disparu. Ils restent présents, et sans changement de mode de vie, une récidive est possible.

Faut-il éviter les noix et les graines après une diverticulite ?

Non, ce n’est plus recommandé. Une étude de 18 ans sur 47 000 femmes a montré que consommer des noix, des graines et des maïs ne augmente pas le risque de diverticulite. Au contraire, ces aliments sont riches en fibres et peuvent aider à prévenir les récidives. L’idée qu’ils bloquent les diverticules est un mythe ancien, démenti par la science moderne.

Pourquoi ne pas prendre d’ibuprofène en cas de diverticulite ?

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène ou le naproxène augmentent le risque de perforation du côlon, surtout quand il est déjà enflammé. Même s’ils soulagent la douleur, ils affaiblissent la paroi intestinale. L’acétaminophène est préféré car il n’a pas cet effet sur l’intestin.

Quand faut-il envisager une chirurgie ?

On ne recommande plus la chirurgie après trois crises, comme on le faisait avant. Aujourd’hui, on considère l’opération après deux épisodes graves nécessitant une hospitalisation, surtout si la qualité de vie est fortement impactée. La décision se prend en discutant avec un chirurgien : risques de nouvelles crises, douleurs chroniques, peur constante, et capacité à manger normalement.

La diverticulite est-elle liée au cancer du côlon ?

La diverticulite n’est pas un cancer, mais elle peut masquer un cancer du côlon. C’est pourquoi une coloscopie est obligatoire 6 à 8 semaines après une crise, surtout chez les personnes de plus de 50 ans. Une étude a révélé que 1,3 % des patients avaient un cancer détecté à ce moment-là. Ce n’est pas courant, mais c’est suffisamment fréquent pour ne pas le négliger.

Le stress peut-il déclencher une diverticulite ?

Le stress ne cause pas directement la diverticulite, mais il peut aggraver les symptômes et perturber le transit intestinal. Un intestin stressé fonctionne mal, ce qui peut augmenter la pression dans le côlon et favoriser l’inflammation des diverticules. Gérer le stress par le sommeil, la respiration ou l’activité physique est donc une bonne stratégie préventive.

Les probiotiques aident-ils contre la diverticulite ?

Les probiotiques courants (comme ceux dans le yaourt) n’ont pas encore prouvé leur efficacité pour traiter ou prévenir la diverticulite. Mais la recherche avance : des études expérimentales montrent que certaines souches, comme le Faecalibacterium prausnitzii, pourraient jouer un rôle dans la réduction de l’inflammation. Un jour, des probiotiques ciblés pourraient être prescrits, mais ce n’est pas encore une pratique standard.

Commentaires (3)

  • Sophie LE MOINE

    Sophie LE MOINE

    Je viens de finir mon premier épisode de diverticulite il y a 3 mois. J’ai suivi exactement ce protocole : jeûne liquide, puis riz blanc et bananes. Zéro antibiotiques. Et j’ai retrouvé mon énergie en 5 jours. Merci pour ce résumé clair ! 😊

    novembre 20, 2025 AT 12:20
  • Maxime ROUX

    Maxime ROUX

    Les noix ? Bah non, j’en mange tous les jours et j’ai jamais eu de problème. Les médecins d’avant étaient des cons. On a cru à ce mythe pendant 50 ans juste parce qu’un médecin a dit ça en 1972. La science a corrigé ça en 2018. Pourquoi on attend toujours les vieux conceptions ?

    novembre 22, 2025 AT 04:09
  • Fabien Galthie

    Fabien Galthie

    Je trouve ça incroyable qu’on parle encore de diverticulite comme d’une maladie du vieux. Moi, j’ai 38 ans, je fais du sport, je mange bio, et j’ai été hospitalisé l’année dernière. Ce n’est pas une question d’âge, c’est une question de système alimentaire industriel. On nous vend des repas sans fibres depuis 40 ans, et maintenant on nous dit de manger plus de légumes ? Trop tard.


    Le vrai problème, c’est que la médecine ne s’attaque pas à la source. Elle traite les symptômes, pas le système. Et ça, c’est du capitalisme de la santé.

    novembre 22, 2025 AT 18:15

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